Libra, que veut Facebook ?

Libra, que veut Facebook ?

Diversifier son offre de service en se positionnant sur la fintech, diversifier ses sources de revenus et asseoir son modèle actuel fondé sur la monétisation de ses utilisateurs.

1/ Devenir la plateforme Fintech n°1
Le mot banque avouons le, souffre d’un déficit d’image depuis 2008 et reste associé au vieux monde conservateur et élitiste responsable des excès passés du capitalisme.

Ce que veux Facebook c’est offrir des services financiers à ses utilisateurs. La société Calibra, créée en parallèle du projet aura pour mission de développer et gérer les futurs services financiers de Facebook.
En permettant à tous ses utilisateurs de transférer de la valeur via Calibra, leur permettre de tenir un compte en banque, David Marcus (co-fondateur de Paypal et président de Calibra) voudra finir avec le Libra ce qu’il avait commencé avec Paypal.

Facebook c’est Messenger, WhatsApp, Instagram.. c’est 2,41 milliard d’utilisateurs mensuel actifs! soit ⅓ de l’humanité! Les superlatifs manquent pour qualifier le potentiel en terme de client. Google comptait à titre de comparaison 1,2 milliard d’utilisateur actifs pour Gmail en 2019, deux fois moins même si le nombre reste stratosphérique et montre une fois de plus l’influence des géants du net sur le marché mondial.

Parallèlement, le secteur bancaire privé est en pleine crise identitaire depuis des années, souffrant d’une mauvaise image depuis 2008, incapable d’amorcer efficacement la transition numérique, l’apparition de la blockchain ne fait qu’amplifier cette crise.

Qui sont les plus grandes banques en terme de clients?
En france c’est le CA avec 24 millions de clients. Dans le monde, ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) avec 480 millions de clients c’est colossal, mais Facebook c’est 2,4 milliards d’utilisateurs! Si seulement 1/5 utilisent les services financiers de Facebook cela le place déjà en première position.
Son potentiel est énorme, d’autant plus que l’effet d’inertie sera fort une fois que Calibra (son service de gestion financière) se sera démocratisé auprès de sa base utilisateur. Si tous vos amis sont sur Facebook vous finirez par y créer un compte, de même, si tous vos amis utilisent Calibra pourquoi vous en priver?

Synthétisons les services qu’offre ma banque aujourd’hui:
_ La tenue d’un compte où est stockée la valeur que je possède
_ La possibilité de transférer cette valeur dans l’économie via un moyen de paiement, via un service dédié
_ Une offre de crédit

Rien en somme que Facebook ne pourrait offrir par l’intermédiaire de Calibra.
Facebook en connaît déjà bien plus sur moi que mon banquier ou ma banque. Tous mes amis sont sur Facebook. Je me rend tous les jours chez Facebook, chez mon banquier de moins en moins.

Enfin Facebook dispose de partenaires de choix pour imposer son système Uber et son concurrent Lyft, Booking, eBay, Spotify, Vodafone, ou en France Iliad… la liste est loin d’être définitive.
Notons l’absence d’Amazon, Apple, Google ou des BATX, la résistance s’organise surement déjà.

Quid des plateformes Blockchain qui proposent depuis plusieurs années de révolutionner le transfert de valeur avec Ripple ou encore Stellar qui en 2017 s’était associé à IBM pour créer le “Blockchain World Wire” – un réseau de paiement à destination des institutions financières; Quid des Moneygram et autres WesterUnion; La concurrence est rude et l’arrivé d’un acteur comme Facebook accélère le mouvement, ce qui ne pourront suivre disparaîtront.

2/ Obtenir de nouveaux utilisateurs et fidéliser ceux déjà présent.
Des millions de personnes sont exclus du système bancaire mais pas de Facebook.Si beaucoup l’ont promis et s’attachent depuis des années à y parvenir, personne n’avait eu jusqu’alors un tel pouvoir en matière d’inclusion financière.
Avec Calibra Facebook fait coup double et s’offre une nouvelle image. Oubliez Cambridge Analytics. Facebook se positionne non seulement sur la Fintech mais possède également le pouvoir de réduire la pauvreté et d’améliorer le quotidien de millions de personnes qui n’ont pas accès aux services financier de base ce qui constitue un réel frein au développement économique local.

3/ Accumuler de la Data
Pouvoir collecter des données sur la partie transactionnelle de ses utilisateurs conférait à Facebook une mine d’information inestimable. L’entreprise dispose actuellement de modèles pour évaluer les préférences de ses clients, mais elle ne sait pas ce qu’ils dépensent, comment ils concrétisent en somme ces préférences.
Ces données donneront plus de poid à Facebook face aux annonceurs qui restent à la base de son modèle économique. Dis moi ce que tu consommes et je te dirai qui tu es vraiment.
Aujourd’hui 98 % du chiffre d’affaires est issu de la publicité, Facebook est très dépendant de cette activité et c’est un risque. En s’étendant à des offres fintech, le géant pourrait diversifier ses sources de revenu, développer le micropaiement, monétiser l’interaction avec ses contenus etc..

Rappelons s’il est encore nécessaire l’importance des Data dans la prochaine décennie.
Une appli, appelée Facebook Research, proposait récemment aux utilisateurs de 13 à 35 ans la somme mirifique de 20 dollars par mois (17,40 euros) pour un strip-tease numérique intégral. 20 euros c’est peu au regard des sommes qu’engrengerea Facebook avec données, mais c’est peut être le début d’un nouveau modèle.



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